Verdissement des flottes publiques : logique d’achats ou d’usages ?
Dans le débat sur la transition énergétique, le verdissement des flottes publiques est souvent réduit à une course aux véhicules électriques. Mais derrière les injonctions réglementaires et les ambitions politiques, une réalité plus fine s’impose : ce n’est pas tant l’acquisition de véhicules verts qui change la donne, que la façon dont ils sont utilisés, mutualisés et optimisés. Pour réussir cette mutation, c’est toute une culture de la mobilité qu’il faut repenser.
Paradoxes du verdissement : entre injonction réglementaire et réalités de terrain
La LOM impose aux structures publiques de plus de 20 véhicules d’intégrer au moins 40 % de véhicules à faibles émissions (VFE) dans leurs renouvellements dès 2025, avec un objectif de 70 % en 2030. Si ces quotas fixent un cap clair, ils laissent peu de marge de manœuvre aux petites collectivités, souvent dotées d’un parc modeste, peu renouvelé et géré de manière rudimentaire.
Dans ces structures, la flotte est souvent perçue comme un outil logistique secondaire, sans réel pilotage budgétaire ou stratégique. Les notions de TCO (coût total de possession), d’optimisation kilométrique ou de mutualisation sont peu exploitées, voire inconnues. Or, l’introduction de véhicules électriques change la donne : leur coût d’acquisition est plus élevé, les contraintes de recharge nécessitent une anticipation logistique, et le retour sur investissement ne s’envisage qu’avec une gestion rigoureuse et centralisée.
Ainsi, le verdissement n’est pas qu’une question de motorisation : il suppose un changement de culture. Faute de quoi, certaines collectivités pourraient investir lourdement dans des véhicules propres… pour une utilisation marginale, faute de stratégie ou d’outils adaptés.
la révolution de l’usage.
Le véritable levier de transition ne réside pas dans l’achat massif de véhicules électriques, mais dans la transformation des usages. Le modèle traditionnel de flotte repose sur une logique de détention individuelle ou de service : chaque direction, chaque établissement, chaque utilisateur dispose de “ses” véhicules, réservés à l’avance ou utilisés en libre accès selon des règles internes souvent opaques. Ce fonctionnement engendre des doublons, des sous-utilisations et un taux d’occupation moyen très faible (souvent inférieur à 20 %).
L’autopartage offre une première réponse en mutualisant les véhicules sur un bassin d’usagers plus large. Déjà, certaines collectivités pionnières comme Nantes, Rennes ou Grenoble ont mis en place des systèmes internes permettant aux agents de réserver un véhicule selon leurs besoins, avec une traçabilité accrue et une meilleure rotation du parc. Cela permet une réduction mécanique du nombre de véhicules nécessaires, et donc un verdissement plus accessible, car centré sur des unités réellement utiles.
Mais l’étape ultime réside dans la gestion intelligente des flottes, telle que proposée par la solution Sharing de WilliM. Ce système ne se contente pas de proposer une réservation centralisée : il supprime l’arbitraire de l’utilisateur. Ce n’est plus le collaborateur qui choisit un véhicule au hasard, mais une IA qui attribue, en temps réel, le bon véhicule pour le bon usage. Typologie de trajet, niveau de batterie, disponibilité future, localisation : tout est intégré pour maximiser l’efficience du parc.
Avec Sharing, le verdissement devient un processus actif et dynamique : on n’électrifie pas à l’aveugle, on ajuste la taille et la composition de la flotte à la réalité des usages, en continu. Le véhicule électrique, trop cher s’il est mal utilisé, devient rentable lorsqu’il est bien intégré dans une stratégie globale d’optimisation.
Une stratégie de mobilité plus qu’un acte d’achat
Verdir une flotte, ce n’est pas empiler des véhicules verts, c’est repenser la mobilité dans son ensemble. Cela implique une vision à long terme, des outils de pilotage performants et une remise en cause des habitudes ancrées. Pour les grandes métropoles comme pour les petites structures, la réussite ne réside pas dans la course au quota, mais dans l’intelligence de l’organisation. Et c’est là, sans doute, que la transition écologique des flottes publiques deviendra une réelle transition stratégique.